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Exams, comment garder sa motivation au top ? - avec Keni Piperol

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Prise de risque, démotivation, doutes... Comment garder sa motivation jusqu'aux exams ?

C'est simple : il ne faut rien lâcher. 

Plus facile à dire qu’à faire vous me direz. Alors pour vous aider à assurer lors des épreuves à venir, je vous ai déniché l’expert du “j’lache pas l’affaire” :  Keni Piperol, 27 ans, manager et skipper officiel de Captain Alternance, spécialiste de la traversée d’océans en solitaire.

Lors de ses courses et autres compétitions en mer, il a connu des galères, mais jamais il n’a baissé les bras.

Son crédo : " Il faut toujours voir le verre à moitié plein, ne jamais lâcher prise et aller au bout des choses...". 

Walt : Qui es-tu Keni ? 

Keni : Keni Piperol, 27 ans, Guadeloupéen, manager et skipper officiel de Captain Alternance, un bateau Class40 avec lequel j’ai participé à la dernière Route du Rhum.  

Mon parcours est atypique. Il n'y a pas vraiment de voie vers ce milieu. C'est un domaine que je connaissais pas du tout d’ailleurs. J'ai été repéré après quelques courses de mini transat par Lalou Roucayrol, un grand navigateur, qui m'a embauché pour rejoindre le projet Captain Alternance en class40 et sa team Lalou Multi. 

Walt : Qu'est ce qui motive dans ton job de skipper ?  

Keni : Mon métier, c’est ma passion, j'ai la chance d'en vivre. La navigation, c'est vraiment ce qui me plaît. 

Mais aussi, le fait d'avoir un métier où on fait beaucoup de choses différentes : il n'y a pas longtemps, on était au chantier en train de travailler sur le bateau, de le bichonner après la Route du Rhum, mais après il faut le convoyer, naviguer, et bien sur courir. J’ai aussi participé à la construction du bateau, et maintenant la partie média, de partage. Ce que je fais aussi parce que c'est hyper important pour moi de partager ça.  

J'ai connu le monde de la course au large par hasard étant petit. J'aurais vraiment aimé avoir quelqu'un qui partage, qui motive, qui montre comment devenir skippeur. Avoir un modèle en quelque sorte. C'est aussi ça mon métier maintenant, et aussi de garder une équipe motivée. 

Walt : Quelle image gardes-tu de ta première grande compétition, la Route du Rhum ?  

Keni : Il y a eu plusieurs phases.  

D’abord, la phase d’arrivée à Saint-Malo après plus de deux ans de travail acharné pour concevoir puis construire le bateau, trouver les partenaires, le mettre à l'eau, naviguer, se qualifier. Un parcours assez intense, assez long et hyper intéressant.  

Ensuite, il y a eu le départ, le vrai départ. Après un report de la course dû à un mauvais temps, puis et cette fameuse escale à La Corogne, où j’ai dû réparer mon bateau à cause d’une avarie. A ce moment-là, mon mode de course a vraiment changé. Je n’étais plus en mode « compétition » pour la gagner. Il fallait surtout que je reste motivé. Parce que oui, je ne suis pas seul dans mon projet : la team, les partenaires,… Rien que pour tout ce monde là, tout le projet qu'on a monté tous ensemble, je me devais d'aller au bout des choses. 

Enfin, l’arrivée en Guadeloupe,  là c'était vraiment la folie. Soulagement total, et folie. J'étais impressionné de voir le nombre de personnes à l'arrivée. Tous les jeunes et vraiment c'est ce qui m'a touché le plus, toutes ces écoles qui se sont mobilisés, qui ont loué des bus et qui se sont déplacées pour venir m'accueillir. 

Si je résume : motivation sans faille, mobilisation, et avoir des gens derrière soi. Le message, c'est ne jamais rien lâcher, malgré la difficulté. 

Walt : Quelles sont tes astuces pour gérer la pression avant une course ?  

Keni : Pour que ça marche, il faut être prêt, penser à tout. Travailler assez tôt en amont de son échéance.  

Pour garder la motivation pour la Route du Rhum, j'ai fait un travail avec un professionnel en préparation mentale. Je l'ai fait bien en amont, ça permet de déceler les faiblesses, les blocages qu'on peut avoir dans sa vie perso, ou même sur des choix professionnels. Ça permet de rectifier le tir, de savoir sur quel axe il faut travailler. 

Walt :Ce travail repose sur quoi concrètement ? Tu te projettes, tu te visualises dans la course ? 

Keni : Ça se rapproche de la sophrologie, des techniques de respiration et d'imagerie mentale. Un exemple : s'imaginer dans la course, mais uniquement avec de bonnes sensations, de bonnes ondes, en étant le plus positif possible.

Walt : Comment fais-tu dans les moments durs, avec une forte démotivation ? 

Keni : Je me dis que je n'ai pas le droit de me démotiver, car je suis dans une position où beaucoup aimeraient être. On est nombreux à vouloir faire de la course au large. Je suis hyper chanceux, hyper content d'avoir un projet d'une aussi bonne qualité, avec toutes ces personnes qui en font partie. 

C'est sûr qu'on a des moments de doute, des moments où on est découragés. La baisse de motivation, c'est normal, on n'est pas des machines. 

La clé c’est de lâcher prise. C’est le seul moyen de repartir au charbon, motivé À bloc, et développer sa résilience. Le fait d'avoir des petits moments pour déconnecter, ça fait vraiment une grosse différence. Ça permet de relâcher mentalement et de repartir pour la suite.  

Il faut se rendre compte de la chance qu'on a et savoir où on veut aller aussi. Il faut que ce soit clair dans sa tête pour garder la motivation, et savoir à quel stade on en est de notre dans notre parcours, de ce qu'on veut faire. 

Toujours penser à la suite. Car c’est en pensant à la suite qu'on arrive à passer les moments les plus compliqués.  

Pour moi, ça a commencé au baccalauréat. J'étais très stressé, je me disais si « Ça ne passe pas, mon avenir est foutu. » C'est là où j'ai dû commencer à apprendre à lâcher prise. 

Le travail en amont est important aussi, car au bout d'un moment, l'échéance arrive, on ne peut plus faire grand chose, donc il faut se faire confiance et y aller ! 

Enfin, le plus important, c'est de tout donner, de ne pas avoir de regrets. 

Walt : Est-ce que des skippers, Lalou ou d'autres, t’ont donné des conseils pour pouvoir faire face à ce genre de choses ? 

Keni : Oui tout à fait. Comme l’importance d'avoir des gestes signaux. Par exemple, pour simplement s'endormir. C’est un des nombreux conseils de Lalou, son expérience est très intéressante. Ça nous permet aussi de savoir où on va. 

Les plus anciens ont une expérience qui est hyper intéressante. À nous ensuite d’en faire notre petite sauce. Et je discute aussi avec d'autres skippers, car on n'a pas toujours la même façon d'aborder les choses. Ça permet de se situer aussi. 

Walt : Quelle similitude vois-tu entre la préparation d'une course en voile et une préparation finalement aux examens ? 

Keni : On a tout un cheminement, une préparation à avoir. Pour un étudiant, c’est toute la partie révision, pour moi ça va être les entraînements, la préparation physique, la préparation mentale. 

Et après, quand on arrive à un examen, il faut se dire « j'ai tout fait maintenant pour y être, allons-y ». Et garder la « niaque » d'aller se mesurer aux autres et d'en tirer le bilan à l’arrivée. 

Walt : As-tu des conseils pour des jeunes en alternance qui se préparent justement À passer leur examens ? Pour qu’ils gardent leur motivation du début à la fin. 

Keni : Le tips : commencer par privilégier les matières qu'on aime le moins, pour s'en débarrasser. Les matières qu'on apprécie sont plus faciles à apprendre. Ça permet de passer au plus simple quand on veut le faire. 

Et aussi, garder confiance en soi, en ses capacités. « Si on en est là, ce n'est pas pour rien. » Quand on a un plan précis, on fait tout pour y arriver. 

Walt : Comment est-ce que toi, justement, tu prends soin de toi avant d'aborder une compétition ? Est ce que tu te déconnectes complètement de ta passion ? 

Keni : J'ai tendance effectivement à me déconnecter complètement de ma passion.  

Quand on a la tête dans le guidon, on est moins productif, sans s’en rendre compte, on radote, on se repasse les choses en tête et on n'avance pas. Donc moi j'ai tendance à lâcher prise. Simplement, je vais faire du sport : course, VTT avec l’équipe, muscu…  

Walt : As-tu des tips pour gérer les pics de stress, cette adrénaline qui monte d'un coup et qui peut descendre aussi très vite ? 

Keni : Ça peut m'arriver de m'isoler cinq minutes, de souffler un coup, de faire redescendre la pression, avec des grandes inspirations. Se concentrer sur l'essentiel. Et puis, j'ai la chance aussi d'être entouré par ma famille. Elle m'aide beaucoup mentalement.  

Et surtout : je me déconnecte. Par exemple, avant le départ de Route du Rhum. Après avoir fini toutes mes obligations, passer un petit moment avec mes proches ou l’équipe.  

Je me déconnecte aussi de mon téléphone, c’est très important. Je n'ai pas rallumé mon téléphone en arrivant à La Corogne, ça m'a permis d’éviter de me faire parasiter. 

Pendant un coup dur, il faut se poser, prendre le temps de réfléchir, pas forcément regarder le chrono. Si je prends l’exemple d'un étudiant qui est en plein exams de philo par exemple, avec un trou d’inspiration, il faut se dire : ce n’est pas grave, il me reste du temps. Prendre un moment pour soi, lâcher complètement pendant deux minutes. Et puis ensuite se remobiliser, se refaire confiance. 

L’importance des gestes signaux : ça peut être un geste qu'on fait à chaque fois qu'on a envie de se remobiliser, par exemple. Et ça se travaille. D'ailleurs, il n'est pas trop tard pour ceux qui veulent essayer. 

Walt : Quelle est la plus grande leçon que tu as apprises en tant que skipper, et que tu penses que les jeunes en alternance pourraient appliquer ? 

Keni : Depuis le début, je me suis dit que l’idée, c'est de ne pas brûler les étapes. Step by step. « Tout est possible ».

Et surtout, de se dire que quand on aura passé cette étape difficile, quand on regardera en arrière, on sera fier de nous. Et pour moi, c'est la partie la plus intéressante, la plus importante : ne pas avoir de regrets. Avoir des regrets, on commence à rentrer dans un mauvais état d’esprit et ça finit par nous ronger. 

Il n’est jamais trop tard aussi. Si je refais l'analogie avec le bac par exemple : il reste cinq minutes, si je vais jusqu’au bout de ma démarche, des cinq minutes, j'aurais peut-être écrit la phrase qui me donne la moyenne, ou qui me permet d'avoir les points nécessaires. 

Ne jamais baisser les bras. 

Pour les jeunes qui passent des examens, vous n’êtes pas seul ! Les parents, pour la plupart, sont là. Ils essaient de faire au mieux pour donner les moyens financiers, pour que leurs enfants puissent réussir, rien que pour ça, il ne faut pas baisser les bras. Se dire que c’est une façon de remercier ses parents ou ceux qui croient en nous.  

Walt : Quel message inspirant pour les plus jeunes ? 

Keni : Il faut toujours croire en soi, rien n’est impossible, même si parfois ça semble compliqué et inatteignable dans la vie de tous les jours.  

Je me surprends parfois à réussir à faire des choses que je n'imaginais même pas depuis que j'ai arrêté les études pour devenir un skipper. J'ai changé. Donc quand vous faites quelque chose, faites-le à fond ! Il n’y a que comme ça que vous n'aurez pas de regrets derrière. Ensuite restez positif, et le reste viendra tout seul. 

Walt : Qu'est-ce qu'on dit à un navigateur avant qu'il ne prenne le départ d'une course au large ?  

Keni : On dit bon vent, mais pas trop :D  

Merci beaucoup Keni !

 

 

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